Atlas régional des consommations de substances psychoactives

L’Inpes vient de publier l’Atlas des usages de substances psychoactives 2010. Cet ouvrage propose une cartographie et une analyse des modes de consommation régionaux d’alcool, de tabac et de drogues illicites, avec un focus sur les pratiques des 15-30 ans. Il devrait permettre une meilleure identification des disparités géographiques de consommation, contribuant ainsi au renforcement des politiques régionales de santé et à la mise en œuvre d’une prévention adaptée.

Cet atlas des pratiques addictives a été conçu par l’Institut à partir des données issues de son Baromètre santé 2010. Il fournit des éléments de comparaison avec les tendances enregistrées au niveau national et les chiffres recueillis dans le cadre del’édition 2005 du Baromètre santé. En découlent des enseignements parfois inattendus, pouvant aller à l’encontre de certains clichés sur les régions.

Moins de buveurs réguliers…

En France, la proportion de buveurs réguliers est passée de 15 % en 2005 à 11 % en 2010 avec des différences significatives entre régions. Par exemple, en Île-de-France, le taux de consommation quotidienne d’alcool est parmi les moins importants. Il s’élève à 9,1 %, un chiffre proche de celui de la Haute-Normandie (8,5 %) et de la Lorraine (8,1 %). À l’opposé, le Languedoc-Roussillon compte la plus grande proportion de buveurs quotidiens, soit 16,6 % de personnes concernées. Ce pourcentage traduit cependant une baisse de 2 % par rapport à 2005. Pour sa part, la région Midi-Pyrénées recense 13,4 % de consommateurs réguliers, les Pays-de-la-Loire 12,9 % et le Nord-Pas-de-Calais 12,6 %.

… mais une fréquence des ivresses en forte hausse

Même si les ivresses survenues au moins une fois dans l’année sont moins fréquentes en Île-de-France (17 %), dans le Nord-Pas-de-Calais (16 %) et en Alsace, région qui présente le taux le plus bas (15 %), elles sont néanmoins en hausse dans ces trois régions : + 5 % en Île-de-France par rapport à 2005, + 3% dans le Nord-Pas-de-Calais et + 1% en Alsace.
Les chiffres les plus élevés sont enregistrés en Bretagne : 28 % des Bretons ont connu une ivresse dans l’année. Suivent les Pays-de-la-Loire avec 24 %, et Midi-Pyrénées et le Languedoc-Roussillon avec 22 % (contre 19,1 % pour la moyenne nationale).

Focus sur la consommation d’alcool des 15-30 ans

Chez les jeunes, si la consommation hebdomadaire d’alcool est en hausse, la plus forte augmentation concerne les ivresses : 38 % des jeunes ont été ivres au moins une fois dans l’année en 2010 contre 29 % en 2005. Quatre régions présentent des niveaux supérieurs à la moyenne nationale : Bretagne, Pays-de-la-Loire, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. A l’inverse, le Nord-Pas-de-Calais et l’Ile-de-France se classent en-dessous.

Le tabagisme en hausse

En 2010, près de trois Français sur dix (29 %) sont des fumeurs quotidiens. Ce chiffre est en augmentation de deux points par rapport à 2005. En région parisienne, les fumeurs quotidiens sont parmi les moins nombreux avec un taux de 27 %, positionnant l’Île-de-France derrière les Pays-de-la-Loire et Rhône-Alpes (26 %), et l’Alsace, qui présente le pourcentage le plus faible (25 %). A l’inverse, le Languedoc-Roussillon compte la proportion de fumeurs la plus importante avec un taux de 35 % (+ 4 points par rapport à 2005), tandis que la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (33 %) et l’Aquitaine (32 %) occupent les deuxième et troisième rangs des régions les plus consommatrices.

Focus sur la consommation de tabac des 15-30 ans

Les jeunes fument plus que leurs aînés : 44 % le font de manière au moins occasionnelle contre 34 % pour l’ensemble des 15-75 ans. Les jeunes d’Ile-de-France et de Rhône-Alpes sont les moins consommateurs, à l’instar de leurs ainés. En revanche, les Pays-de-la-Loire se distinguent par une proportion importante de fumeurs chez les jeunes (51 %).

Une géographie des usages de drogues illicites contrastée

Le cannabis est, de loin, la drogue illicite la plus consommée en France, mais son usage reste stable par rapport à 2005. Le Languedoc-Roussillon arrive en tête, avec un taux d’expérimentation de 41 %, suivi de près par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (près de 39 %), la Bretagne (36 %), l’Aquitaine (35 %) et l’Île-de-France (35 %).
Concernant les autres drogues illicites, la moyenne nationale présente une tendance à la hausse, mais les proportions restent peu importantes à l’échelle de la population. L’usage de drogues illicites apparaît plus fréquent en région parisienne : 6 % pour les poppers et 4 % pour la cocaïne. Même constat en Bretagne qui affiche des chiffres de 7 % pour les poppers et de 5 % pour les champignons hallucinogènes, la cocaïne et l’ecstasy.

Focus sur la consommation des drogues illicites par les 15-30 ans

Les jeunes expérimentent davantage les drogues illicites que leurs aînés. Près de 45 % d’entre eux ont déjà consommé du cannabis contre 32 % des 15-64 ans. En Picardie, le taux d’expérimentation des jeunes est le moins important (35 %). Pour leur part, la Bretagne et le Languedoc-Roussillon se distinguent par des niveaux très élevés (56 %).
Concernant les autres drogues illicites, 8,7 % des jeunes ont testé les poppers (contre 5,2 % des 15-64 ans), 5,5 % la cocaïne (contre 3,6 %), 5 % les champignons hallucinogènes (contre 3,1 %) et 4,5 % l’ecstasy (contre 2,6 %).

Et en outre-mer ?

L’ouvrage propose également une brève mise en perspective des données issues d’autres enquêtes que le Baromètre santé (1) dans les départements d’outre-mer (DOM). Il apparaît qu’en Guyane, Guadeloupe, Martinique et à La Réunion, les indicateurs d’alcoolisation régulière ou ponctuelle chez les adolescents sont très proches, et se situent à des niveaux très inférieurs à ceux de la métropole. On observe cependant une plus grande précocité des consommations à La Réunion : à 13 ans, 31 % des jeunes déclarent avoir déjà été ivres (contre 16 % en métropole).
En population adulte, l’alcool est sans doute le produit qui pose le plus de problème, la Martinique et La Réunion semblant particulièrement touchées.
Concernant le tabac, la comparaison est plus favorable à la population des DOM qui fume moins qu’en métropole : environ 10 % des Martiniquais et 20 % des Réunionnais sont fumeurs contre 29 % des métropolitains.
(1) Une déclinaison du Baromètre santé Inpes sera prochainement lancée dans les DOM.

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