Le coût de la dépendance pour le contribuable

Cout-de-la-dépendance-pour-les-contribuables-86355-1   Cocaïne, héroïne, cannabis… Ces drogues ne se ressemblent pas et pourtant, les effets de leur consommation sur le budget public sont les mêmes. Au-delà des problématiques de santé publique évidentes, l’augmentation de la consommation de drogues dures et douces ces dix dernières années creuse un fossé béant dans le budget de l’État. Et les mesures mises en place sont-elles en phase avec les associations de dépendants en rétablissement.
La toxicomanie en France : un problème de santé publique, mais pas que. Les associations d’usagers proposent toujours plus d’expériences, les pairs aidant, les think tank, l’accompagnement, l’empowerment, le care et surtout le retour d’expérience.
En 2011, la France était le pays avec le plus grand nombre de jeunes consommateurs de cannabis sur 36 pays participants à l’enquête de l’Observatoire français des drogues et de la toxicomanie (OFDT). Les drogues dures sont elles aussi fortement plébiscitées par la population hexagonale. Dans les années 2000, la part des 18-64 ans consommant de la cocaïne au minimum une fois par an a triplé. Les expérimentateurs, âgés de 17 ans, sont également de plus en plus nombreux, passant de 0,9 % à 3 % entre 2000 et 2011.
En parallèle, les mesures de l’État pour tenter de traiter le problème de la toxicomanie dans le pays se multiplient, sans réussir pourtant à endiguer cette dangereuse augmentation de la consommation de drogues en France. , diffusion fréquente d’hallucinogènes dans les milieux de la fête… Les résultats de l’étude de l’OFDT sont alarmants, pour des raisons sanitaires en premier lieu, mais également budgétaires.
État et Assurance maladie : Une facture conséquente
Dans un rapport remis à la MILDT (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie), Michel Reynaud, professeur à l’hôpital Paul Brousse, interpelle les autorités publiques, non pas sur danger de santé publique que représentent les drogues, mais sur le coût total de la toxicomanie pour les collectivités. Selon ses calculs, 1,4 % des ressources du pays sont aujourd’hui gaspillées du fait de la présence de drogues dans l’hexagone tandis que pas moins de et tenter d’aider les toxicomanes à se sortir de leurs addictions.
Ceux qui dépensent le plus sont bien entendu l’État et l’Assurance maladie… et donc les contribuables français. Actions policières, judiciaires et locales, application de la loi, prise en charge sanitaire, plans de lutte contre les drogues, mais aussi prise en charge sanitaire, promotion de la recherche, financement des centres de soin et d’accompagnement… Tout ceci a un coût, qui augmente chaque année.
Selon l’OFDT, ces dépenses sont passées de 1,29 milliard d’euros en 2008 à 1,47 milliard d’euros en 2009 et 1,5 milliard d’euros en 2010. Les traitements des maladies liées à la consommation de drogues ont quant à eux mobilisé 26,66 milliards d’euros en 2010. Un budget total représentant des dizaines de milliards d’euros qui paraît aujourd’hui complètement inadapté aux possibilités financières de l’État comme de l’Assurance maladie. D’autant que les résultats de la politique française actuelle en matière de drogues peinent à se faire sentir.
Une politique répressive qui n’a pas lieu d’être ?
Les choix politiques opérés depuis des décennies concernant la toxicomanie sont-ils les bons ? Rien n’est moins sûr. Il semblerait qu’aucun choix courageux n’ait réellement été fait. Depuis 1970 et l’adoption de la première législation claire sur les drogues, la France se dirige vers une politique de plus en plus répressive. Le toxicomane est aujourd’hui considéré par l’État comme étant à la fois malade et délinquant. Un flou juridique qui ne permet pas leur véritable prise en charge. Des soins sans lesquels la personne dépendante est vouée à replonger.
Malheureusement, le pays semble pour le moment assez éloigné de la voie de la simplification des moyens de lutte. Avec pas moins de 6 institutions différentes pour gérer les enjeux de la toxicomanie en France, les idées fusent, mais les prises de décisions manquent. Les enjeux sanitaires de la toxicomanie en France n’ont apparemment pas su mobiliser les foules jusqu’ici. Peut-être que les problématiques économiques auront plus de chances de le faire.

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