Pour la survie du centre APTE et son modèle

Le modèle du centre, c’était l’entraide entre patients, La thérapie de groupe, avec ceci de particulier que les thérapeutes étaient des « counsellors » anciens usagers de drogue formés à cette approche, et l’abstinence de drogues, d’alcool et de médicaments sauf pour les sevrages. Le centre était une chance pour tous ceux qui souhaitaient se diriger vers l’abstinence. Un modèle diffèrent qui venait enrichir les propositions faites partout ailleurs, et qui n’avaient pas marche pour nous.  

Aujourd’hui nous assistons avec tristesse et inquiétude à la disparition de ce modèle unique qui nous a sauvé la vie. En effet, sous l’impulsion de la direction actuelle du centre, le modèle d’entraide entre patients accompagnés individuellement et en groupe par des thérapeutes spécialisés est entièrement remis en cause.

Les patients qui sortent aujourd’hui du centre « La maison de Kate », décrivent des situations de consommation en interne, des discours divergents sur l’abstinence, le sentiment de ne plus être en sécurité par rapport à la consommation. Nous constatons aussi la médication systématique, les groupes animes par des psychologues, compétents bien sûr, mais ne pouvant apporter ce qui faisait la particularité d’APTE, c’est-à-dire ce rapport a des soignants anciens usagers abstinents, formes au counseling. L’orientation vers les groupes d’entraide n’est plus au programme, ce qui est choquant pour nous. Chacun est libre d’adhérer ou pas, encore faut-il qu’il puisse essayer. L’entraide, en un mot, n’est plus au programme et « La maison de Kate » malgré les engagements pris auprès de Kate Barry avant son décès en 2013 a complètement perdu ce qui faisait sa spécificité et qui a si bien fonctionné durant 20 ans.

Alors nous posons les questions suivantes : Pourquoi introduire systématiquement des médicaments psychotropes, parfois juste avant la sortie ?

Pourquoi ne plus favoriser l’accès aux groupes d’entraide comme cela était le cas auparavant ?

Pourquoi ne plus permettre aux patients de participer aux groupes d’entraide comme cela était proposé depuis toujours avec succès ?

Pourquoi ne pas renouveler les postes de counsellors, ces thérapeutes ayant eux-mêmes connus l’addiction?

La fin de ce modèle s’accélère depuis 2014 avec l’arrivée de la nouvelle directrice du centre.  Les remaniements auxquels elle a procédé pour obtenir la certification du centre ont ouvert une porte à un changement radical dans la prise en charge que nous regrettons. Ses initiatives personnelles ont transformé le séjour à Bucy en une post cure telle qu’il en existe tant, loin d’un modèle qui a fait ses preuves depuis trois décennies. Il semble que l’intérêt des patients et la considération à leur égard soient complétement absents de sa démarche.

Les anciens patients du centre venaient régulièrement rencontrer les patients au château pour transmettre leur expérience du séjour, leur force et leur espoir dans une vie sans drogue. Désormais nous ne sommes plus les bienvenus et le centre a du mal à trouver des anciens patients pour venir témoigner tellement l’expérience que nous avons vécue là-bas et différente de ce qui est proposé aujourd’hui.

Notre séjour a aussi été bénéfique grâce a une équipe engagée qui nous a fait ressentir la joie que cela procurait de travailler dans ce lieu hors du commun. L’unité dans l’équipe, le discours cohérent, a fait place à des Burns outs à répétition, un grand turn over dans les équipes, et même récemment un audit pour harcèlement de la part de direction.

Nous sommes conscients que le modèle Minnesota n’est pas le seul modèle qui fonctionne, ce n’est pas notre propos, cependant le centre Apte est le seul de France qui proposait une telle méthode : pourquoi le faire disparaitre entièrement ? Quelle idéologie morbide, et quel dogme se cache derrière cette entreprise de démolition ? c’est pourtant l’abstinence totale de drogues que nous, anciens patients, étions venus chercher là-bas. Et c’est devenu notre vie aujourd’hui. Nous ne perdons pas espoir et faire machine arrière est encore possible. Nous anciens résidents, demandons à la direction générale d’AURORE de préserver ce centre qui nous a sauvé la vie. 

  Nous demandons le maintien des travailleurs sociaux et thérapeutes ayant connus l’addiction Nous demandons le maintien du modèle basé sur l’abstinence par l’entraide et revendiquons le droit à la différence.

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